samedi 27 avril 2013

la dimension politique de l’existence humaine

Aristote : « l’homme est un animal politique » 
(manuel J. Russ, texte p. 111)

L’homme est l’animal sociable au plus haut degré, il est fait pour vivre en communauté. Il s’agit bien d’un « animal » : Aristote pense que la communauté politique poursuit une fin inscrite dans la nature.

Comment connaissons-nous la fin que la nature assigne à l’homme ? 
Nous pouvons la connaître : c’est le pari philosophique d’Aristote.
Tout d’abord, l’homme a naturellement l’usage de la parole. Aristote distingue entre la parole et la voix.
« Seul, entre les animaux, l’homme a l’usage de la parole ; la voix est le signe de la douleur et du plaisir, et c’est pour cela qu’elle a été donnée aussi aux autres animaux. »
La parole ne fait pas qu’exprimer le plaisir et la peine, le fait que l’on désire ou que l’on déteste. La parole peut faire comprendre aux autres l’utile et le nuisible, et par conséquent aussi, souligne Aristote, le juste et l’injuste.
C’est ce qui prouve que l’homme est plus sociable que les animaux comme les abeilles ou les fourmis : nous pouvons parler entre nous de ce qui est juste ou injuste, et prendre des décisions en matière morale et politique.
« C’est ce qui distingue l’homme d’une manière spéciale, c’est qu’il perçoit le bien et le mal, le juste et l’injuste (…) ».
Arrêtons-nous un instant sur la différence de l’homme par rapport aux animaux. Aristote développe ici la notion d’un « propre de l’homme », ce que l’homme a en propre, ce qui le distingue de tous les autres vivants.
Le propre de l’homme, c’est donc d’avoir une parole qui ne soit pas seulement expressive (« j’ai chaud », « j’ai froid », etc.), immédiate et subjective, mais qui porte un jugement compréhensible par autrui. Je suis humain lorsque je parle, encore plus humain lorsque je me fais comprendre par autrui, encore plus humain quand autrui approuve ce que je dis.
En grec, logos, que l’on peut traduire par la parole, désigne aussi la raison. La raison humaine est ce qui rend possible la vie en commun.
Pour Aristote, la parole est politique, au sens où elle permet à l’homme de vivre en société.

Là où nous sommes le plus humain, c’est quand nous pouvons exprimer le bien et le mal, le juste et le juste, et le communiquer aux autres par la parole. Nous pouvons alors nous mettre d’accord pour coopérer.

Pour Aristote, la formation des communautés politiques est naturelle. Ce qui n’est pas naturel, ce serait de s’isoler pour vivre seul, comme le fait par exemple le réalisateur Sean Penn dans Into the Wild (2008).
Peu de temps avant de mourir, Christopher McCandless écrit :
« Happiness only real when shared. »
En forçant un peu le trait, on pourrait dire que ce qui n’est pas naturel pour l’homme, c’est le retour à la nature.

Alone in Alaska

Pour Aristote, le village, le bourg ou la ville n’est donc pas un artifice. C’est la destination naturelle de l’homme. Vivre en société est quelque chose de naturel pour nous. Nous nous développons en société conformément à ce que veut la nature pour l’homme.

Peut-on penser l’homme en dehors de la société ? Aristote cite Homère, se référant à la sagesse populaire grecque. Peut-on rêver d’un homme qui se suffirait à lui-même ? Ce serait un dieu, et non un homme. 
Celui qui se suffit à lui-même, dit un peu plus loin Aristote, « n'est en rien une partie d'une cité, si bien que c’est soit une bête, soit un dieu ». 
L'homme n'est ni un simple animal, ni un dieu. C'est un animal qui dispose de la parole et de la raison pour vivre et s'épanouir en société.

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